vendredi 8 juillet 2005, par Lionel
Lutte à Saint Médard sur Ille : la population locale se bat contre le projet d’une entreprise qui menace leur cadre de vie et l’avenir de leur commune.
Un projet d’embranchement ferroviaire compromet le potentiel résidentiel et touristique d’une commune rurale. Une partie de la population se mobilise contre le projet tandis que le conseil municipal divisé s’apprête à prendre le 8 juillet 2005 une décision qui engagera à long terme l’avenir de la commune.
La société qui gère la carrière de Darancel sur la commune de Saint Médard sur Ille (SOGETRAP, groupe PIGEON) a souhaité que la municipalité révise le Plan d’occupation des sols, afin de pouvoir effectuer un raccordement ferroviaire entre la carrière et le réseau SNCF. Le 28 juillet 2004, la municipalité a donné son accord (9 voix contre 6) alors que la population de la commune a clairement exprimé un avis contraire via une pétition qui n’a pas été prise en compte. A cette date, la pétition comptait 402 signataires (531 à ce jour), ce qui est éloquent pour une commune de cette taille. Malgré une forte participation des habitants et des associations de protection de l’environnement (Eau & Rivières de Bretagne, Chlorophylle, Ille émoi, Adem) qui ont exprimé leur opposition lors de l’enquête publique, le commissaire enquêteur a émis un avis favorable faiblement argumenté.
Suite à l’enquête, la municipalité a organisé une réunion publique le 24 juin 2005 durant laquelle les médardais étaient invités à poser leurs questions. Le directeur de la carrière, directement interpellé, a refusé de s’exprimer quant aux inquiétudes émises et aux demandes de garanties. Le maire a admis lors de cette réunion que le nombre de camions ne diminuerait pas alors qu’il s’agissait de l’argument majeur pour justifier de l’intérêt du projet (passage de 1 camion toutes les 2min30 à 1 toutes les 5 min).
Comment ne pas être d’accord avec une solution, le ferroutage, largement reconnue comme un bienfait pour l’environnement ?
Plusieurs raisons à cela, qui visiblement ont échappées à la moitié des élus :
La demande de la région en granulats (routes, voies ferrées, ...) sera au moins la même qu’aujourd’hui pour les années à venir, et sera toujours satisfaite par camions. Le ferroutage permettrait seulement à la carrière d’étendre ses marchés à de nouvelles destinations plus profitables et particulièrement demandeuses en granulat (région parisienne essentiellement) sans abandonner le marché local. Le raccordement SNCF représentera un investissement important pour la SOGETRAP qui se devra d’être rentable. Cette rentabilité dépendra directement du nombre de tonnes de granulats qui pourront être extraites et servira de prétexte à des demandes d’extensions de la carrière.
Ce projet ne s’inscrit pas dans un développement durable, pour plusieurs raisons. Au niveau social, et malgré l’envergure du projet, seuls 2 emplois pourraient être créés. En ce qui concerne l’aspect économique seule l’entreprise (SOGETRAP) peut espérer retirer des bénéfices de ce projet.
Quant à l’aspect environnemental, il est évident que les nuisances existantes déjà très importantes seront amplifiées par l’activité supplémentaire liée à l’embranchement : bruit, poussières, vibrations dues aux tirs de mines, dégâts sur les maisons (fissures), puits asséchés. La voie verte (canal d’Ille et Rance) se trouve à moins de 20 m dans sa partie la plus proche de la zone concernée par le projet. Ce site remarquable et reconnu comme faisant partie du patrimoine commun de la nation sera inévitablement détérioré. La faune, la flore et la qualité de l’eau n’en sortiront pas indemnes.
De plus, ce projet est en total contradiction avec le droit de tout citoyen à la sécurité, la salubrité et la tranquillité publique. Le rôle d’une municipalité est de garantir cet intérêt général et de permettre l’accueil de populations nouvelles dans un cadre de vie de qualité.
Pourquoi sacrifier l’avenir de la commune pour satisfaire aux seules exigences de profit d’une entreprise privée lorsqu’on sait que les atouts de la commune (patrimoine bâti, paysage préservé, Canal d’Ile et Rance) sont à même d’assurer un avenir économique, culturel et social aux populations actuelles et futures de Saint Médard sur Ille. Une municipalité peut-elle prendre la responsabilité d’autoriser un projet d’une telle envergure alors qu’elle n’a même pas à ce jour les moyens de contraindre la SOGETRAP à respecter la loi.
Plusieurs arrêtés préfectoraux n’ont en effet toujours pas été respectés par la SOGETRAP, alors que les délais de réalisation ont largement été dépassés (déplacement du concasseur primaire, absence fréquente de sismographes, etc.).
Le 8 juillet, le conseil municipal fragilisé par la démission d’une conseillère se prononcera définitivement sur cette révision du P.L.U. La population espère être enfin entendue.
L’association Chlorophylle est une association de protection et de sensibilisation à l’environnement et plus particulièrement celui de la commune de Saint Médard sur Ille. Elle a pour objectif de protéger l’environnement médardais, de promouvoir le cadre de vie et de favoriser le développement touristique de la commune. L’association créée en 2002 compte 140 adhérents. Pour plus d’informations, vous pouvez vous rendre sur le site Web à l’adresse suivante : http://asso.chlorophylle.free.fr, ou nous contacter par mail à l’adresse asso.chlorophylle@free.fr.
Patrick DUMONT (Président) Tél. 02.99.31.11.20 E-mail : patrickfr@numericable.fr
Lionel VAN AERTRYCK (Secrétaire) Tél. 06.88.08.15.94 E-mail : lionel.van-aertryck@worldonline.fr
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